Sommaire :
-Éditorial
-La confusion organisée
-Le libéralisme
-Quid est Veritas ?
-Veritas liberat vos
-Le problème de la vérité
-L'opinion, le cancer de la pensée moderne
Nous conseillons vivement à nos lecteurs de se procurer la série complète des carnets spirituels du Père de Chivré. Profond et original, le bon Père est un guide spirituel simple et efficace. Nous en profitons pour témoigner une nouvelle fois de toute notre admiration pour ce dominicain, ami de Mgr Lefebvre et qui est resté fidèle à ce qu´il avait reçu jusqu´à son dernier soupir.
La vérité! Qui aujourd'hui ose encore en parler? Tous savent par coeur ce dogme infaillible de notre civilisation adulte: tout homme est libre de croire ce qui lui plait et de choisir le mode de penser qui lui convient au Panthéon des pensées humaines ! Aucun thème, pourtant, n'a davantage préoccupé les philosophes de tous les temps et les théologiens de toute tendance que celui de la vérité, de sa nature, de ses caractéristiques, de ses impératifs, etc. Depuis le « quid est veritas ? »du procureur romain, combien sontils aujourd'hui les tristes Pilate au petit pied qui poussent très fort leur cervelle en plissant doctement le front pour émettre leur définitive sentence : la vérité est une fable pour les enfants et les vieilles, mais
qu'un esprit adulte se doit de repousser du pied pour se faire à lui même sa vérité.
Et l'on se demande pourquoi les hommes se déchirent et s'entretuent, pourquoi les hommes ne s'aiment pas entre eux, pourquoi les hommes ne s'aiment pas eux-mêmes. pourquoi règnent l'égoïsme, la jalousie, le mépris de l'autre, son asservissement aux plaisirs et aux caprices de plus grand et de plus fort que soi, la brutalité envers les plus faibles, la méchanceté dont le caractère parfois impitoyable fait frémir, la haine, etc. Le grand et méconnu Ernest Hello le notait déjà: « L'homme trouve tout simple qu'on lui nuise, parce que l'homme ne s'aime pas. L'homme ne s'aime pas: voilà le grand mot. Sainte Catherine de Gênes dit que l'amour-propre devrait s'appeler la haine propre. Qu'est-ce en effet que l'amour-propre sinon le sacrifice que l'homme fait de lui-même à la vanité? L'homme ne s'aime pas, et l'homme doit s'aimer beaucoup; car il doit aimer beaucoup son prochain, et il doit aimer son prochain comme lui-même» (L'homme). Le même note encore que, avant le christianisme, « une multitude d'idoles ennemies vivaient ensemble au Panthéon. Elles se pressaient sans se combattre, se serraient sans se nuire et se coudoyaient sans se gêner. C'est qu'elles étaient d'accord entre elles . le secret de leur calme était leur complicité."
après avoir apostasié. Le monde a connu la vérité, il a vécu des ères d'une paix plus ou moins parfaite tant que cette vérité a attiré et réuni les coeurs. Mais le rejet de la vérité connue et aimée, a précipité l'homme dans un état pire à l'état antérieur. Le rejet de cette vérité doit être justifié, et chacun pour justifier son rejet et son choix d'une vérité nouvelle doit nécessairement y ajouter la note de l'intolérance. Sous couvert de libéralisme, le monde n'a jamais été aussi intolérant qu'aujourd'hui. L'homme ne peut plus aimer son semblable si celui-ci n'est pas d'accord avec lui. Ce désaccord sonne comme une condamnation ou un reproche, et celui qui pouvait tout au plus être un adversaire à convaincre est devenu un ennemi à abattre: ma vérité doit régner, mon droit doit s'imposer, ma liberté doit vivre même si doit périr pour cela celle du voisin ! Et pourtant, « Je suis la voie, la vérité et la vie. la vérité vous rendra libre. je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix! »Mais Jésus-Christ n'est plus aimé. Hormis le petit noyau de vrais fidèles, de vrais amis, il est tout au plus une belle idole parmi d'autres, à peine tolérable pourvu qu'il ne prétende à rien de spécial. Bouddha et Allah, voilà des idoles respectables, mais ce Jésus-Christ dont nous nous
sommes délivrés, non. n'en parlons plus. Les hommes n'aiment plus leur Dieu et leur Sauveur, et la conséquence est sous nos yeux : les hommes ne s'aiment plus entre
eux et la guerre est dans nos murs. Est Est, Non Non. Il n' y a rien à faire! Il est possible de mentir et de nier l'évidence, mais cela n'empêchera jamais les choses d'être ce
qu'elles sont, indépendamment de nos pensées et de nos volontés. Le Sage lit dans les choses, il découvre la vérité dans ce qui est, il l'accueille paisiblement et il en vit en paix avec lui-même parce qu'il est en paix avec la réalité. Il vit, peut-être sans le savoir, en paix avec l'auteur de cette réalité, avec Dieu et avec Jésus-Christ venu tout restaurer dans l'ordre premier. Il vit alors sans peine en paix avec son semblable. Mais j'en ai. trop dit, et le Père de Chivré dira tout cela bien mieux que moi. Lisons, méditons, et vivons cette Vérité qui est la Vie des hommes.
Abbé Michel Simoulin
- ISBN : 0000000645867
- Titre : Carnets spirituels N° 15 : La Vérité - Décembre 2007
- Auteur : CHIVRE (R.P. de)
- Editeur : PERE DE CHIVRE
- Nb Pages : 64
- Epaisseur : 6
- Largeur : 145
- Hauteur : 205
- Poids : 0.04Kg
Père de CHIVRE (1902-1984)
Le Révérend Père de Chivré o.p. est né Gonneville (Manche) le 12 février 1902. Très jeune, il est certain d'avoir la vocation religieuse, et il sait même qu'il veut appartenir à l'ordre de Saint Dominique. Il fait ses études chez les Pères à Cherbourg puis, après la mort de son père, intervenue en 1911, à Versailles au collège Saint-Jean-de-Béthune. Il s'y fait remarquer en militant, avec l'Action Française, pour l'instauration de la fête de Jeanne d'Arc et en s'occupant de jeunes, fondant même la première troupe de scouts de Versailles. Il y obtient son baccalauréat. En 1924, il entre au noviciat des frères prêcheurs, où il fait profession le 23 septembre 1925 et prend le nom de Frère Bernard-Marie. Le 25 juillet 1930, il reçoit l'ordination sacerdotale. Alors qu'il est encore très jeune (à 36 ans), la direction du couvent de Lille lui est confiée. C'est là que la guerre le trouve. Avec l'autorisation de ses supérieurs, il s'engage en tant qu'aumônier militaire. Il est présent à la bataille de Dunkerque. Pendant l'occupation, il assure la charge délicate de vicaire provincial de la zone sud. Il est en même temps l'aumônier des dominicaines repliées à Sail-les-Bains dans la Loire. En 1943, on le retrouve à Rouen où il reste pendant 12 ans comme sous-prieur et prieur du couvent de cette ville. En 1956, la maladie l'oblige, avec l'accord de ses supérieurs, à quitter Rouen pour Versailles où un ami met un appartement à sa disposition. Il s'installe ensuite à Ecalles-Alix (Seine-Maritime). En 1972, il est terrassé par une attaque cérébrale et se remet, grâce à une volonté et une ténacité hors du commun. Il reprend alors ses voyages apostoliques vers Ecône, Paris, et Fanjeaux où il a la joie de retrouver de vraies filles de St Dominique, fidèles à son esprit et à leurs vœux. C'est là qu'en 1984, au soir du Jeudi-Saint, pour la troisième fois, il est terrassé. Il remet son âme, le samedi 14 juillet 1984, entre les mains de son Seigneur et de celle pour qui il avait une vénération, Notre-Dame. Il est enterré dans le caveau des dominicains de Rouen, au cimetière de Notre-Dame du Bon Secours.
Le Révérend Père de Chivré a toujours eu une vénération toute particulière et une confiance absolue en Notre-Dame. Dans les multiples épreuves, tant physiques que spirituelles, qui n'ont pas manqué de se présenter à lui tout au long de son séjour terrestre, il s'est tourné, avec humilité et foi, vers la Vierge Marie pour écouter les bonnes réponses à ses angoisses et ses inquiétudes. Il aimait tellement sa Mère du Ciel qu'il en parlait toujours dans ses sermons et ses conférences. C'est ainsi qu'il a laissé de très beaux textes rassemblés dans le livre "La Vierge Marie".
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