"J'ai consenti à être un homme, j'ai choisi d'être un homme", écrivait jadis un tout jeune Gustave Thibon.
Je cite cette humble et fière parole pour le pouvoir qu'elle a de m'évoquer son auteur, sa liberté, et sa docilité, en un mot : sa grâce - la grâce incomparable de celui qui, selon le mot de Nietzsche, sait " danser dans les chaînes".
Un homme. Pas un philosophe, pas un écrivain. "On me parle de ma vocation, dit-il. Je trouve le mot prétentieux. Je dirais plutôt ma fatalité." Fatalité qu'il domine en nous ouvrant son esprit aussi généreusement qu'on ouvre son cœur.
Car un homme a besoin, pour mieux se parler à soi-même, de s'adresser à ses semblables. Quand cet homme est Gustave Thibon, il suffit qu'il s'adresse à nous pour nous rendre plus intelligent : il nous donne de comprendre tout ce qu'il nous donne à comprendre. Telle est la marque de son génie.
Présentées et choisies de Françoise Chauvin. On n´aime ou on n´aime pas Gustave Thibon : mais il faut lui reconnaître une grande vertu : il fait réfléchir, il pousse plus loin, il choque pour que vous lui prouviez que vous avez raison de penser ce que vous pensez. Il faut le lire ou vous étes d´accord avec lui ou vous le serez davantage avec vous-même.
- ISBN : 9782268059853
- Titre : Aux ailes de la lettre - Pensées inédites 1932-1982
- Auteur : THIBON (Gustave)
- Editeur : ROCHER (EDITIONS DU)
- Collection : LITTERATURE
- Nb Pages : 368
- Présentation : Broché
- Epaisseur : 30
- Largeur : 151
- Hauteur : 240
- Poids : 0.54Kg
Gustave THIBON (1903 -2001)
Gustave Thibon est mort, le 19 janvier 2001, à St Marcel d'Ardèche où il était né le 2 septembre 1903. Fils d'un agriculteur, il ne fit aucune étude importante et se trouve être l'exemple type de l'autodidacte qui dévora des milliers de livres à partir de l'âge de 20 ans environ et apprit seul plusieurs langues : latin, grec, anglais, allemand, italien, espagnol.
Quelques temps plus tard, il rencontra Jacques Maritain qui accueillit ses articles dans ses Cahiers de philosophie thomiste en 1931. Peu après, il publia (1934) son premier livre La science de caractère qui allait être suivi d'une vingtaine d'autres.
Au moment de la guerre, il manifesta plutôt de la sympathie pour le maréchal Pétain (il fut en 1942, membre de la direction du Centre français de synthèse à Vichy), exalta les chantiers de jeunesse et donna quelques articles à Idées "revue de la révolution nationale". Ni résistant, ni collaborateur, il refusa de recevoir la francisque et n'accepta pas un poste d'ambassadeur qui lui fut proposé. Ce fut pour lui une période féconde pendant laquelle il écrivit plus de la moitié de son oeuvre (de 1940 à 1953). Il se fit connaître également en accueillant chez lui Simone Weil, en 1941, jeune philosophe juive exclue de l'université, avec qui il se lia d'une très forte amitié intellectuelle.
Après la mort de S. Weil (en 1943 à Londres, à l'âge de 34 ans), il publiera son livre La pesanteur et la grâce au moment de la libération. Il reprit son intense activité intellectuelle après la guerre en écrivant une multitude d'articles dans plusieurs publications et en prononçant de très nombre uses conférences (nous le rencontrâmes en particulier à plusieurs reprises aux congrès de Lausanne de la Cité Catholique ainsi qu'aux rassemblements royalistes des Baux de Provence).
Il accepta d'apporter sa collaboration à la revue Itinéraires de Jean Madiran et son soutien à l'Alliance Jeanne d'Arc présidée par le général Weygand.
Catholique sincère, il était un homme inclassable, sage, philosophe et défenseur de son milieu rural, n'étant rattaché à aucun courant ni mouvement politique et religieux, même si ses affinités l'inclinèrent à se situer assez proche de Mgr Lefebvre et du courant royaliste. Actuellement une quinzaine de ses livres ont été réédités et restent disponibles. Celui qui résume le mieux la personnalité et les idées du philosophe est au soir de ma vie : mémoires recueillis par Danièle Masson (Plon 1993, épuisé en 2017).
Il fut couronné à deux reprises par l'Académie française qui lui décerna son Grand Prix de Littérature en 1964 et son Grand Prix de Philosophie en 2000. Notice publiée dans "Ils nous ont quitté" de Lectures Françaises n° 527, mars 2001
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