La création, dans sa diversité infinie, forme un ensemble harmonieux dont toutes les parties sont liées entre elles et vivent les unes par les autres. De l'atome à l'ange, de la cohésion des molécules à la communion des saints, rien n'existe seul ni pour soi. Dieu n'a créé qu'en unissant. Le drame de l'homme c'est de séparer. Il se coupe de Dieu par l'irreligion, il se coupe de ses frères par l'indifférence, la haine et la guerre, il se coupe enfin de son âme par la poursuite des biens apparents et caducs. La métaphysique de la séparation est la métaphysique même du péché, mais comme l'homme ne peut pas vivre sans un simulacre d'unité, ces parties de lui-même, disjointes et tuées par le péché, se rejoignent, en tant que mortes, non plus comme les organes d'un même corps, mais comme les grains de sable du même désert. Il n'est pas d'autre moyen de salut que le retour à l'unité dans la diversité. Gustave Thibon a toujours essayé de montrer les voies de ce retour sur le plan religieux et social et aujourd'hui il tente de placer dans le même éclairement les problèmes de l'amour humain.
Lecture à conseiller On connaissait de longue date le beau livre de M. G. Thibon, édité jadis à Lyon. Mais on est un peu déçu de le voir réimprimé tel quel. On aurait aimé que l'auteur nous fît part des montées qu'a dû connaître sa pensée, et qu'il synthétisât davantage les quatre "Etudes " qui forment la première partie de l'ouvrage. Celui ci pourtant reste précieux, et l'on ne peut qu'en conseiller la lecture. Impossible de mieux résumer cette première partie qu'en usant des mots de l'auteur : rapports généraux entre la vie et l'esprit ; relations entre l'amour sensible et l'Amour spirituel ; mariage, fusion totale de deux vies ; épreuves et purifications nécessaires pour parvenir à cette fusion...---***+++---***+++--La seconde partie, composée d'aphorismes, est "plus subjective ", dit l'auteur. Et certes, elle l'est ! Si, à bien des lignes on dit ; " Oui", on dit "Non " à d'autres. On pourrait même s'amuser, comme fit Jules Lemaître pour La Rochefoucault, à renverser les maximes ; et elles seraient encore vraies, ou plus vraies encore, que dans le sens primitif... Mais cette seconde partie est loin de gâter la première. (numéro 1, octobre 1962 ).
Revue des cercles d'études d'Angers - 02/11/2012
Réserve La principale réserve est celle que l'auteur pressent (pp. 149-151)(1) : il n'aborde que la psychologie, et, en de courts passages, la métaphysique de l'âme humaine. Or, au concret, nous ne sommes pas de tels êtres : nous sommes dans l'état surnaturel, ou, au moins "transnaturel " (si nous sommes privés de la grâce sanctifiante). L'auteur n'étudie donc pas l'être humain TEL QU'IL EST. Le plus important n'est qu' " effleuré " (SIC) en deux pages. Que de conséquences ! Si tant d'amours humaines déçoivent, c'est parce que Dieu n'y a pas sa place... Alors, quelle diminution de tout ce qu'on nous dit dans le livre ! (numéro 1, octobre 1962 )........(1)édition de 1962.
Revue des cercles d'études d'Angers - 02/11/2012
- ISBN : 9782213002972
- Titre : Ce que Dieu a uni
- Auteur : THIBON (Gustave)
- Editeur : FAYARD (EDITIONS)
- Collection : LITT.GENE.
- Nb Pages : 216
- Présentation : Broché
- Epaisseur : 12
- Largeur : 135
- Hauteur : 215
- Poids : 0.27Kg
Gustave THIBON (1903 -2001)
Gustave Thibon est mort, le 19 janvier 2001, à St Marcel d'Ardèche où il était né le 2 septembre 1903. Fils d'un agriculteur, il ne fit aucune étude importante et se trouve être l'exemple type de l'autodidacte qui dévora des milliers de livres à partir de l'âge de 20 ans environ et apprit seul plusieurs langues : latin, grec, anglais, allemand, italien, espagnol.
Quelques temps plus tard, il rencontra Jacques Maritain qui accueillit ses articles dans ses Cahiers de philosophie thomiste en 1931. Peu après, il publia (1934) son premier livre La science de caractère qui allait être suivi d'une vingtaine d'autres.
Au moment de la guerre, il manifesta plutôt de la sympathie pour le maréchal Pétain (il fut en 1942, membre de la direction du Centre français de synthèse à Vichy), exalta les chantiers de jeunesse et donna quelques articles à Idées "revue de la révolution nationale". Ni résistant, ni collaborateur, il refusa de recevoir la francisque et n'accepta pas un poste d'ambassadeur qui lui fut proposé. Ce fut pour lui une période féconde pendant laquelle il écrivit plus de la moitié de son oeuvre (de 1940 à 1953). Il se fit connaître également en accueillant chez lui Simone Weil, en 1941, jeune philosophe juive exclue de l'université, avec qui il se lia d'une très forte amitié intellectuelle.
Après la mort de S. Weil (en 1943 à Londres, à l'âge de 34 ans), il publiera son livre La pesanteur et la grâce au moment de la libération. Il reprit son intense activité intellectuelle après la guerre en écrivant une multitude d'articles dans plusieurs publications et en prononçant de très nombre uses conférences (nous le rencontrâmes en particulier à plusieurs reprises aux congrès de Lausanne de la Cité Catholique ainsi qu'aux rassemblements royalistes des Baux de Provence).
Il accepta d'apporter sa collaboration à la revue Itinéraires de Jean Madiran et son soutien à l'Alliance Jeanne d'Arc présidée par le général Weygand.
Catholique sincère, il était un homme inclassable, sage, philosophe et défenseur de son milieu rural, n'étant rattaché à aucun courant ni mouvement politique et religieux, même si ses affinités l'inclinèrent à se situer assez proche de Mgr Lefebvre et du courant royaliste. Actuellement une quinzaine de ses livres ont été réédités et restent disponibles. Celui qui résume le mieux la personnalité et les idées du philosophe est au soir de ma vie : mémoires recueillis par Danièle Masson (Plon 1993, épuisé en 2017).
Il fut couronné à deux reprises par l'Académie française qui lui décerna son Grand Prix de Littérature en 1964 et son Grand Prix de Philosophie en 2000. Notice publiée dans "Ils nous ont quitté" de Lectures Françaises n° 527, mars 2001
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