Editorial (extrait) par Jean-Baptiste Geffroy
Quoi de neuf sur le Maréchal ? Philippe Pétairi naturellement, tant le sujet apparaît inépuisable pour l'historien ou pour le politique. Entré dans la plus grande tragédie de l'histoire de France une journée de mai 1940, son ombre plane encore sur cette lamentable fin de siècle, qui semble refléter à tant d'égards les signes qui, jadis, avaient annoncé les prémisses de ce grand naufrage. Le parallèle n'a rien d'osé : effondrement des valeurs traditionnelles et chrétiennes du pays, éclatement des structures sociales, domination insolente de la fortune anonyme et vagabonde, économie en ruine, pauvreté pandémique, bouleversements géopolitiques propices à toutes les aventures, entités nationales rongées par une propagande internationaliste et mondialiste, tout nous ramène aujourd'hui à ces heures sombres qui ont précédé cet été 1940. L'ombre de Philippe Pétain se promène sur ces ruines pour nous rappeler les conditions du salut. Le livre de M. le général Le Groignec tombe à point pour nous rafraîchir la mémoire avec des pages pleines d'anecdotes et d'une foule de détails moins connus qui viennent préciser les contours d'une nature éminemment secrète, une des plus secrètes qui soient selon le général Weygand. Un trait dominant semble se dégager du portrait tracé par le général Le Groignec, c'est la vocation paternelle de Philippe Pétain. On sait qu'il a rêvé de s'occuper de l'éducation de la jeunesse, et qu'en 1934, il avait demandé à Gaston Doumergue le portefeuille de l'Education nationale. Or, voilà qu'à quatre-vingt cinq ans, il se trouve en charge de quarante millions d'enfants perdus, égarés, attérés et abandonnés, qu'il faut nourrir, soigner, éduquer, protéger contre les malheurs d'une occupation écrasante, à qui il faut redonner quelque courage et une raison d'espérer. Il n'a guère à leur offrir que sa gloire passée comme bouclier protecteur, même si ces quatre années le conduiront à la sacrifier à la survie de ces Français qu'il faut presque chaque jour soutenir dans l'épreuve, à qui il faut rappeler, par des mots simples, les vertus nécessaires...
