N°260 Oct 1998 - Les missions françaises en Asie (entretien avec H Servien)

Editorial 

L'édit de Nantes : entre mythes convenus et leçons inattendues. 

L'année 1998 est celle des célébrations "signifiantes". La révolution de 1848, l'abolition de l'esclavage, la mort de Bismark, j'en passe. La plus équivoque d'entre elles est certainement la célébration du quatre centième anniversaire de l'édit de Nantes. La République des droits de l'homme ne pouvait manquer de s'emparer de l'événement, si riche en interprétations conformistes et en extrapolations consensuelles. On met ainsi en valeur l'esprit de tolérance de Henri IV, ancien huguenot dont on souligne la conversion "opportuniste" à un catholicisme par principe intransigeant, subtilement opposé à une Réforme progressiste, persécutée par des papistes, intolérants. Par une manoeuvre finement biaisée, le discours se corse d'un rapprochement dialectique avec le cent cinquantenaire de l'abolition de l'esclavage et, par le moyen d'une classification infamante permet, sans trop de risques, de ranger le monde catholique dans le camp de la réaction et du totalitarisme, alors que le camp de la liberté, des droits de l'homme et du progrès serait soutenu par tout ce que le monde peut contenir d'anti-romain, protestants, libertins ou libres penseurs. Le canevas est usé, mais il fonctionne encore assez bien si l'on en juge par les incantations jospiniennes sur la distinction droite gauche. Comme si le principe de la religion d'Etat n'avait jamais existé dans les pays protestants. Comme s'il n'y subsistait pas aujourd'hui dans toutes les monarchies protestantes contemporaines, Grande Bretagne, Pays-Bas, Suède, Danemark, Norvège.