N°279 Mai 2000 - Enquête sur la condamnation de l´Action Française

A propos de la condamnation de l'Action Française 

Je viens de consulter deux ouvrages récents abordant la question de cette condamnation : La Croix, la croix gammée et les fleurs de lys, de Philippe Prévost, et L'extrême droite et l'Eglise de Xavier Ternisien. L'ouvrage de Philippe Prévost fait référence à ce dernier, et essaie de réfuter les thèses qu'il soutient. Pour la clarté de l'exposé, ces deux ouvrages seront examinés successivement, avant d'en tirer une conclusion. Marie Renard.  

L'extrême droite et l'Eglise de Xavier Ternisien (Editions Brépols, 1997) :
Xavier Ternisien veut démontrer tout au long de son livre que l'Église a condamné de longue date l'extrême droite. Aussi, il retrace à partir du chapitre II de l'ouvrage, les faits qui ont abouti à la condamnation de l'Action Française en 1926. Il rappelle que Charles Maurras était agnostique, et que certains de ses ouvrages contenaient des propos peu amènes sur la Bible et sur le fondateur du christianisme. Il parle ensuite brièvement de la levée des sanctions en juillet 1939, puis se livre à une tentative d'explication. Pie XI a dû affronter les totalitarismes féroces du XXè siècle : fascisme, nazisme, communisme. Et il ajoute que face à ceux-ci Pie XI a toujours oscillé entre fermeté et négociation, pensant qu'il était peut-être possible de faire évoluer ces régimes. C'est ainsi qu'il signe un concordat en 1922 avec l'Italie fasciste et avec l'Allemagne nazie en 1933. Mais le pape va évoluer au bout de quelques années, notamment lors de la publication de l'encyclique Mit Brennender Sorge, publiée le 14 mars 1937. Relevons dès à présent une première erreur, qui a son importance. Le concordat avec l'Allemagne avait été préparé avec les prédécesseurs d'Hitler, il ne restait plus qu'à ratifier l'accord. Il est permis de se demander pourquoi le pape serait revenu sur ce concordat, alors que le parti national-socialiste venait d'arriver au pouvoir par le jeu normal des institutions démocratiques...
(...)
Xavier Ternisien.