Elle n'est pas terminée ! .----. « La Révolution française n'est pas terminée », proclamait avec beaucoup de justesse Vincent Peillon dans un livre publié en 2008. En conséquence, ne pas connaître le déroulement, les pratiques et les principes fondateurs de la Révolution française c'est se condamner à ne rien comprendre à la société française contemporaine. De nombreux auteurs : Hippolyte Taine, Pierre Gaxotte, Jean de Viguerie, Xavier Martin… se sont déjà penchés avec talent, érudition et objectivité sur cette période-clé de notre Histoire.
L'ouvrage de Philippe Pichot-Bravard, docteur en droit et maître de conférences en histoire du droit public, se nourrit des recherches récentes publiées au cours de ces dernières décennies. Il met particulièrement en évidence les deux moteurs essentiels de la Révolution : un projet idéologique de régénération de la nature humaine mais aussi une volonté, tout aussi farouche, de préserver les avantages de ceux qui ont profité matériellement de la Révolution, en particulier les acquéreurs de biens nationaux. À la lumière de ces deux éléments, la réalité révolutionnaire s'éclaire d'un jour nouveau et cohérent. La Terreur et le génocide vendéen s'expliquent par la volonté de Régénérer la nature humaine, selon le titre d'un ouvrage de Xavier Martin, alors que la mise en place d'un suffrage censitaire par la loi électorale du 2 décembre 1789 ou la mention dans la Constitution de 1795 de « l'inviolabilité de toutes les propriétés » visait à protéger des intérêts plus matériels. Rappelons que la non restitution à leurs propriétaires antérieurs des biens nationaux confisqués à l'Église et de ceux confisqués aux émigrés restera tout au long du XIXe siècle la pierre d'achoppement du ralliement des élites bourgeoises enrichies à toute
forme de restauration d'un ordre social stable. Qui ne voit la terrible actualité de ces deux motivations ? Il s'agit toujours de changer la nature humaine – ce sont les réformes dites de société – et de préserver les avantages matériels, dérogatoires à la loi générale et opposés au bien commun de certaines minorités sociales, sexuelles ou ethniques. Le livre de Philippe Pichot-Bravard bénéficie d'une préface très éclairante de Philippe de Villiers. Il accumule les faits, les textes, les déclarations des acteurs qui dressent le tableau accablant d'une utopie mortifère dont nous souffrons encore et qui, inexorablement, déploie ses effets dans le temps et l'espace.
À lire absolument non pas uniquement comme un livre d'Histoire mais comme la grille de lecture des événements que nous vivons et que nous pourrions revivre. Qui ne voit qu'il y a du Robespierre chez Manuel Valls, du Hébert ou du Marat chez Jean-Luc Mélenchon, du Brissot chez Jean-Pierre Raffarin, du Danton chez Dominique Strauss-Kahn, du Cadoudal chez Jean-Marie Le Pen, du Charette, bien sûr, chez Philippe de Villiers, du Louis XVI, complètement dépassé par les événements, chez François Hollande, etc. Quant à Nicolas Sarkozy il se serait bien vu en Napoléon mais le train semble partir sans lui. [ Jean-Pierre Maugendre dans " Renaissance Catholique " ( 13 rue de la Paix - 92130 - Issy les Moulineaux ) numéro 132 ; mai-juin 2014 ].
Renaissance Catholique . - 07/02/2015
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE Via Romana a édité deux ouvrages remarquables sur le sujet tant étudié de la révolution française.
Pourtant, aussi bien "Histoire du citoyen" de J. de Viguerie, que "La Révolution française" de P. Pichot-Bravard, apportent un éclairage précieux.
L' AFS a longuement « parlé » de l'ouvrage de Jean de Viguerie. Dans un autre genre, le second ouvrage mentionné complète bien la présentation de Jean de Viguerie.
Pichot-Bravard ne refait pas l'histoire chronologique précise des faits. Il analyse un certain nombre de faits marquants qui, reliés les uns aux autres, forment la trame de cette entreprise de démolition du christianisme qui s'est révélée dans la révolution française.
Ainsi, il passe aussi par la révolution russe bolchevique qui revendiquait d'ailleurs la filiation avec la révolution française. Ainsi, il montre la permanence de cet esprit dévastateur par un fil directeur qui relie Robespierre, Gambetta, Jules Ferry, Jules Guesde, Clemenceau, Lénine et... Peillon : tous ont affirmé que la révolution n'était pas finie : l'esprit chrétien n'avait pas encore disparu.
Ce fil directeur a été tissé par une démocratie qui, malgré toutes ses constitutions, n'a pas réussi (elle ne le voulait intimement pas) à laisser la parole au peuple. Il devrait permettre aux Français en particulier d'y voir plus clair dans la glissade vertigineuse de leur histoire depuis plus de 200 ans.
Du citoyen de 1789 à celui de la République (qui prime sur la France), on perçoit la marche au forceps de cet esclavage.
Mais un chrétien qui sait que les portes de l'Enfer ne prévaudront pas, remarque que, malgré ces 235 ans alloués à cet immense effort de décérébration, la révolution française n'est pas encore arrivée à ses fins.
Malgré des pressions de toutes sortes, allant maintenant jusqu'à l'atteinte « pacifique » à la vie humaine (c'est-à-dire sans les moyens militaires).
LS
Action Familiale et Scolaire n 245 246 p 90 - 20/06/2016
Brillante démonstration ! .----. Peut-on renouveler l’approche de la Révolution française et en proposer une lecture, sinon absolument neuve, car celle-ci s’abreuve aux meilleures sources de la pensée contre-révolutionnaire, du moins en rupture franche et ouverte avec la vision politiquement correcte de l’événement ? Oui, et le professeur Pichot-Bravard en donne la brillante démonstration.
Inspiré à l’origine par les cours dispensés à ses étudiants, l’ouvrage, s’il se veut chronologique et événementiel, va cependant beaucoup plus loin, et c’est ce qui lui donne une assez brûlante actualité.
En effet, ainsi que Philippe Pichot-Bravard le rappelle, la Révolution française est d’abord la mise en œuvre, plongeant ses racines loin dans le passé et préparée de longue main, d’une rupture, philosophique et anthropologique avant d’être politique et juridique. Il s’agit ni plus ni moins d’en finir avec l’ancienne conception, d’essence chrétienne, de l’homme et de la société et de la remplacer par un nouveau paradigme, d’inspiration cartésienne, qui couvrira tous les aspects de l’existence.
Dans l’esprit de ses artisans, dont Robespierre est archétypal, cette métamorphose est bonne et doit conduire l’humanité « régénérée » à un bonheur matérialiste immédiat ; il est impensable que certains s’opposent à ce progrès éclatant. Or, la suite le démontrera vite, les résistances à ce plan, oscillant entre odieux et farfelu, en rupture avec une réalité qui ne compte plus, vont se multiplier. Le peuple ne se laissera pas régénérer par ses démiurges auto-proclamés. Il faudra donc épurer le peuple, quitte à supprimer vingt-cinq millions de Français sur trente, comme certains députés n’hésiteront pas à l’envisager. En réalité, cette nécessité, qui ira en s’aggravant au fur et à mesure des résistances, pour culminer dans la Terreur et le génocide vendéen, est à l’œuvre dès le 14 juillet 1789.
La mécanique totalitaire est en marche; aux dernières nouvelles, elle ne s’est pas encore arrêtée.
Le premier mérite, mais ils sont si nombreux qu’on ne saurait les énumérer tous, de ce livre, est de rappeler, clairement, et même parfois avec un humour noir assez réjouissant, exemples à l’appui, en quoi consiste l’essence du phénomène révolutionnaire, d’ordre intellectuel, voire spirituel comme le rappelait récemment Vincent Peillon, avant de se traduire dans les actes. Ainsi éclairés, événements et personnages prennent une dimension, la vraie, trop souvent occultée.
Un livre à offrir à tous ceux qui n’auraient pas encore compris les enjeux des combats politiques actuels, comme à ceux qui refusent toujours obstinément de devenir cet Homme régénéré. À leurs risques et périls... [ Anne Bernet dans : Nouvelle Revue d’Histoire, n° 71, mars-avril 2014 ]
Nouvelle Revue d’Histoire - 13/02/2019