"Les partis sont un merveilleux mécanisme, par la vertu duquel, dans toute l'étendue d'un pays, pas un esprit ne donne son attention à l'effort de discerner, dans les affaires publiques, le bien, la justice, la vérité. Il en résulte que, sauf un très petit nombre de coïncidences fortuites, il n'est décidé et exécuté que des mesures contraires au bien public, à la justice et à la vérité. Si on confiait au diable l'organisation de la vie publique, il ne pourrait rien imaginer de plus ingénieux".
Née en 1909, Simone Weil fut disciple d'Alain, élève de l'Ecole normale supérieure, agrégée de philosophie en 1931. Ouvrière chez Renault, engagée dans les Brigades internationales en 1936, elle quitte la France en 1942 pour New York et, enfin, Londres, où elle travaille pour la France combattante. Elle meurt le 24 août 1943. Son oeuvre est considérée comme l'une des plus marquantes du XXe siècle.
Sans compromis ! .----. ... l'excellent petit essai ... vient d'être réédité, une critique sans compromis des partis politiques en prônant un enracinement local loin des structures technocratiques [ Numéro 436 - 15 au 30 juin 2017 de " Faits et Documents ", lettre d'informations confidentielles fondée par Emmanuel Ratier ]
Faits et Documents. - 15/09/2017
Extrait de " Salazar et son temps " . .----. La suppression des partis à laquelle a procédé Salazar est généralement jugée comme une mesure scandaleusement réactionnaire. Et pourtant, cette mesure a été préconisée par Simone Weil -- qu'on ne saurait considérer comme telle. Dans une note écrite à l'intention des cercles politiques français de Londres pendant la dernière guerre ( Revue La Table Ronde, février 1950 ) , Simone Weil remarquait que les partis politiques tels qu'ils existent dans les pays européens (le cas des partis politiques des pays anglo-saxons lui paraissait différent) sont " des machines à fabriquer de la passion collective " et construites " de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres ".
--. Il lui apparaissait également que " la première fin, et en dernière analyse, l'unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite ". De ce fait, pensait-elle, " tout parti est totalitaire en germe et en aspiration ". Les partis prétendent jouer un rôle d'éducation : en fait, ils tuent le sens de la vérité et de la justice, en procédant au dressage de leurs adhérents. " Un homme qui adhère à un parti a vraisemblablement aperçu dans l'action et la propagande de ce parti des choses qui lui ont paru justes et bonnes. Mais il n'a jamais étudié la position du parti relativement à tous les probblèmes de la vie publique. En entrant dans le parti, il accepte des positions qu'il ignore. Ainsi il soumet sa pensée à l'autorité du parti. Quand, peu à peu, il connaîtra ses positions, il les admettra sans examen. " Bref, l'homme qui adhère à un parti abdique sa liberté de pensée. Et Simone Weil en concluait que la suppression des partis " serait du bien presque pur. Elle est éminemment légitime en principe et ne paraît susceptible pratiquement que de bons effets " .
--. Simone Weil, il est vrai n'envisage pas pour autant la suppression du Parlement, mais elle estime que les députés devraient se faire élire sur un programme personnel, définissant " leur attitude concrète concernant les problèmes concrets ". Ainsi délivrerait-on le pays de cette mentalité partisane qui apparait à Simone Weil comme une véritable lèpre de l'esprit .
Paul Sérant . - 19/12/2018
- ISBN : 9782081408746
- Titre : Note sur la suppression générale des partis politiques
- Auteur : WEIL (Simone)
- Editeur : CLIMATS (EDITIONS)
- Collection : CLIMATS NON FIC
- Nb Pages : 80
- Présentation : Broché
- Epaisseur : 6
- Largeur : 114
- Hauteur : 184
- Poids : 0.08Kg