En lui ôtant la vie à trente-cinq ans, ses bourreaux nous ont probablement privés d'une oeuvre théâtrale majeure. Elle eût trouvé sa place au temps des Montherlant, des Anouilh, des Guitry, des Sartre, des Beckett. L'admiration mêlée d'effroi avec laquelle, critique à La Chronique de Paris, Brasillach accueillit Huis clos en dit long sur l'équité et la faculté d'adaptation de son outillage intellectuel - indispensables qualités d'un dramaturge pour faire agir et parler chacun de ses personnages selon sa propre vérité. Mais la hache de l'Histoire a frappé l'arbre avant qu'il donnât ses fruits. De cette récolte empêchée nous ne recueillons que les prémices ; trois pièces : Domrémy (la Geste de la Pucelle rapportée par les villageois), La Reine de Césarée (Titus et Bérénice, après Suétone, Corneille, Racine), Adaptation scénique du Procès de Jeanne d'Arc, plus des traductions de Shakespeare. Par chance, il reste aussi deux essais, qui nous permettent de nous asseoir au premier rang de l'orchestre : Animateurs de théâtre et Corneille.
Corneille surtout, dont certaines analyses ressemblent à des confidences personnelles, livre les clés des trois pièces contenues dans le présent volume. La jeunesse et le passage du temps, c'est-à-dire la nostalgie ; la fascination de l'héroïsme - raison d'État, raison de patrie, raison de Dieu - entrelacée à l'espérance du bonheur, c'est-à-dire un "noeud épouvantable de contradictions" comme celui qui étrangle Ferrante dans La Reine morte. Bérénice, la reine bien vivante, et Jeanne, petite paysanne qui va mourir, convoquent la jeunesse perdue ou la jeunesse qu'on va perdre, l'insouciante et tendre jeunesse, sur le haut plateau de la tragédie.
Voir Boutique Nationaliste - Jeune-Nation.com (Lettre n° 612)
- ISBN : 9782867145421
- Titre : Théâtre complet
- Auteur : BRASILLACH (Robert)
- Editeur : PARDES (EDITIONS)
- Nb Pages : 392
- Présentation : Broché
- Epaisseur : 21
- Largeur : 149
- Hauteur : 215
- Poids : 0.50Kg
Robert BRASILLACH (1909 - 1945)
Écrivain , journaliste, né à Perpignan le 31 mars 1909. Issu d'une famille du Roussillon, son père, officier de l'armée coloniale, fut tué dans les combats de Kenifra, au Maroc, en 1914. Sa mère, remariée quatre ans plus tard, alla s'établir à Sens : c'est là que Robert Brasillach fit ses études secondaires. Puis il fut, au lycée Condorcet à Paris, l'élève d'André Bellessort, et à l'Ecole Normale Supérieure, le condisciple de Jacques Talagran (qui ne s'appelait pas encore Thierry-Maulnier), de Paul Guth et de Maurice Bardèche, son futur beau-frère. Il collabora très tôt à L'Action Française questions. Malgré les pétitions de ses confrères, dont beaucoup étaient ses adversaires politiques, le général De Gaulle rejetait le recours en grâce présent é par Jacques Isorni, et, le 6 février 1945 - date anniversaire de la fusillade de la place de la Concorde - à 9 h 38. le jeune écrivain tombait sous les balles d'un peloton de gardes mobiles au fort de Montrouge. Peu avant son exécution. il montrait dans ce poème son coeur déchir é par la folie ou la méchanceté des hommes :
Mon pays m'a fait mal par tous ses exilés,
Par ses cachots trop pleins, par ses enfants perdus,
Ses prisonniers parqués entre les barbelés,
Et tous ceux qui sont loin et qu'on ne connaît plus.
Mon pays m'a fait mal par ses villes en flammes,
Mal sous ses ennemis et mal sous ses alliés,
Mon pays m'a fait mal dans son corps et son âme,
Sous les carcans de fer dont il était lié.
Mon pays m'a fait mal par toute sa jeunesse
Sous des draps étrangers jetée aux quatre vents,
Perdant son jeune sang pour tenir les promesses
Dont ceux qui les faisaient restaient insouciants,
Mon pays m'a fait mal par ses fosses creusées
Par ses fusils levés à l'épaule des frères,
Et par ceux qui comptaient dans leurs mains méprisées
Le prix des reniements au plus juste salaire.
Mon pays m'a fait mal par ses fables d'esclave,
Par ses bourreaux d'hier et par ceux d'aujourd'hui,
Mon pays m'a fait mal par le sang qui le lave,
Mon pays me fait mal. Quand sera-t-il guéri ?
Robert Brasillach a laissé une oeuvre abondante et variée, dont la réédition constante depuis sa mort dit à quel point elle est goûtée du public de tous bords. Outre des essais sur Virgile , Corneille, une "Histoire du Cinéma" et une "Histoire de la guerre d'Espagne", ont été édités, entre autres : "Notre Avant-guerre", "Poèmes de Fresnes", "Lettre à un soldat de la classe 60 ", "Chénier", "La Conquérante", "Les Sept Couleurs", "Les quatre jeudis", "Domrémy", "Journal d'un homme occupé", "Six heures à perdre", "La Reine de Césarée".
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