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Les Lucs, la Vendée, la Terreur, la Mémoire

Référence : 46138
4 avis
Date de parution : 1 septembre 1993
EAN 13 : 9782909599120
Nb de pages : 228
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Description
Mystère en Vendée : le martyrologe de Barbedette, classé monument historique, ne serait-il qu'un faux ?
Le martyrologe, c'est ce document établi en mars 1794 par l'abbé Barbedette, curé du Grand Luc. Une liste de 564 noms : des hommes mais surtout des femmes et des enfants, massacrés un mois auparavant par une des colonnes infernales du Général Turreau. Un document hallucinant. Pourtant, bien des points obscurs demeuraient. Pierre Marambaud a voulu en avoir le coeur net. A sa connaissance intime des lieux, cet universitaire allie une longue pratique des méthodes les plus pointues de la recherche historique. Plus qu'une enquête : une quête. 
Né en 1924 à La Roche-sur-Yon (Vendée) d'une famille originaire des Lucs-sur-Boulogne, Pierre Marambaud est professeur honoraire de l'université de Nice. Spécialiste de l'histoire de la Révolution américaine et de l'Angleterre aux XVIIè et XVIIIè siècles, il a notamment publié, outre une trentaine d'articles dans diverses revues françaises et américaines :
- Sir William Temple, sa vie, son oeuvre. (Publications de la faculté des lettres et sciences humaines de Nice. 1968.) 
- William Byrd of Westover, 1674-1744. (University Press of Virginia. USA 1971.) 
- Dictionnaire des oeuvres et des thèmes de la littérature américaine (en collaboration avec A. Fontenilles). (Hachette. 1976.)
TitreLes Lucs, la Vendée, la Terreur, la Mémoire
Auteur MARAMBAUD (Pierre)
ÉditeurETRAVE (Edition de l´)
Date de parution1 septembre 1993
Nb de pages228
EAN 139782909599120
Épaisseur (en mm)18
Largeur (en mm)200
Hauteur (en mm)200
Poids (en Kg)0.63
Critique du libraire
Illustré.
Les avis clients
Soljenitsyne aux Lucs !
5/5 Bibliothèque de combat.
.----. 1789 est l’ancêtre sanglant de 1917 BR> Texte intégral du discours prononcé par Alexandre Soljenitsyne, le samedi 25 septembre 1993, aux Lucs-sur-Boulogne, pour l'inauguration de l'Historial de Vendée « M. le président du Conseil général de la Vendée, chers Vendéens, Il y a deux tiers de siècle, l'enfant que j’étais lisait déjà avec admiration dans les livres les récits évoquant le soulèvement de la Vendée, si courageux, si désespéré. Mais jamais je n'aurais pu imaginer, fût-ce en rêve, que, sur mes vieux jours, j'aurais l'honneur inaugurer le monument en l'honneur des héros des victimes de ce soulèvement. Vingt décennies se sont écoulées depuis : des décennies diverses selon les divers pays. Et non seulement en France, mais aussi ailleurs, le soulèvement vendéen et sa répression sanglante ont reçu des éclairages constamment renouvelés. Car les événements historiques ne sont jamais compris pleinement dans l'incandescence des passions qui les accompagnent, mais à bonne distance, une fois refroidis par le temps. Longtemps, on a refusé d'entendre et d'accepter ce qui avait été crié par la bouche de ceux qui périssaient, de ceux que l'on brûlait vifs, des paysans d'une contrée laborieuse pour lesquels la Révolution semblait avoir été faite et que cette même révolution opprima et humilia jusqu'à la dernière extrémité. Eh bien oui, ces paysans se révoltèrent contre la Révolution. C’est que toute révolution déchaîne chez les hommes, les instincts de la plus élémentaire barbarie, les forces opaques de l'envie, de la rapacité et de la haine, cela, les contemporains l'avaient trop bien perçu. Ils payèrent un lourd tribut à la psychose générale lorsque fait de se comporter en homme politiquement modéré - ou même seulement de le paraître - passait déjà pour un crime. C'est le XXe siècle qui a considérablement terni, aux yeux de l'humanité, l'auréole romantique qui entourait la révolution au XVIIIe. De siècles en siècles, les hommes ont fini par se convaincre, à partir de leur propre malheur, que les révolutions détruisent le caractère organique de la société, qu'elles ruinent le cours naturel de la vie, qu'elles annihilent les meilleurs éléments de la population, en donnant libre champ aux pires. Aucune révolution ne peut enrichir un pays, tout juste quelques débrouillards sans scrupules sont causes de mort innombrables, d'une paupérisation étendue et, dans les cas les plus graves, d'une dégradation durable de la population. Le mot révolution lui-même, du latin revolvere, signifie rouler en arrière, revenir, éprouver à nouveau, rallumer. Dans le meilleur des cas, mettre sens dessus dessous. Bref, une kyrielle de significations peu enviables. De nos jours, si de par le monde on accole au mot révolution l'épithète de «grande», on ne le fait plus qu'avec circonspection et, bien souvent, avec beaucoup d'amertume. Désormais, nous comprenons toujours mieux que l'effet social que nous désirons si ardemment peut être obtenu par le biais d'un développement évolutif normal, avec infiniment moins de pertes, sans sauvagerie généralisée. II faut savoir améliorer avec patience ce que nous offre chaque aujourd'hui. II serait bien vain d'espérer que la révolution puisse régénérer la nature humaine. C'est ce que votre révolution, et plus particulièrement la nôtre, la révolution russe, avaient tellement espéré. La Révolution française s'est déroulée au nom d'un slogan intrinsèquement contradictoire et irréalisable : liberté, égalité, fraternité. Mais dans la vie sociale, liberté et égalité tendent à s'exclure mutuellement, sont antagoniques l'une de l'autre ! La liberté détruit l'égalité sociale - c'est même là un des rôles de la liberté -, tandis que l'égalité restreint la liberté, car, autrement, on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n'est pas de leur famille. Ce n'est qu'un aventureux ajout au slogan et ce ne sont pas des dispositions sociales qui peuvent faire la véritable fraternité. Elle est d'ordre spirituel. Au surplus, à ce slogan ternaire, on ajoutait sur le ton de la menace : « ou la mort», ce qui en détruisait toute la signification. Jamais, à aucun pays, je ne pourrais souhaiter de grande révolution. Si la révolution du XVIIIe siècle n'a pas entraîné la ruine de la France, c'est uniquement parce qu'eut lieu Thermidor. La révolution russe, elle, n'a pas connu de Thermidor qui ait su l'arrêter. Elle a entraîné notre peuple jusqu'au bout, jusqu'au gouffre, jusqu'à l'abîme de la perdition. Je regrette qu'il n'y ait pas ici d'orateurs qui puissent ajouter ce que l'expérience leur a appris, au fin fond de la Chine, du Cambodge, du Vietnam, nous dire quel prix ils ont payé, eux, pour la révolution. L'expérience de la Révolution française aurait dû suffire pour que nos organisateurs rationalistes du bonheur du peuple en tirent les leçons. Mais non ! En Russie, tout s'est déroulé d'une façon pire encore et à une échelle incomparable. De nombreux procédés cruels de la Révolution française ont été docilement appliqués sur le corps de la Russie par les communistes léniniens et par les socialistes internationalistes. Seul leur degré d'organisation et leur caractère systématique ont largement dépassé ceux des jacobins. Nous n'avons pas eu de Thermidor, mais - et nous pouvons en être fiers, en notre âme et conscience - nous avons eu notre Vendée. Et même plus d'une. Ce sont les grands soulèvements paysans, en 1920-21. J'évoquerai seulement un épisode bien connu : ces foules de paysans, armés de bâtons et de fourches, qui ont marché sur Tanbow, au son des cloches des églises avoisinantes, pour être fauchés par des mitrailleuses. Le soulèvement de Tanbow s'est maintenu pendant onze mois, bien que les communistes, en le réprimant, aient employé des chars d'assaut, des trains blindés, des avions, aient pris en otages les familles des révoltés et aient été à deux doigts d'utiliser des gaz toxiques. Nous avons connu aussi une résistance farouche au bolchévisme chez les Cosaques de l'Oural, du Don, étouffés dans les torrents de sang. Un véritable génocide. En inaugurant aujourd'hui le mémorial de votre héroïque Vendée, ma vue se dédouble. Je vois en pensée les monuments qui vont être érigés un jour en Russie, témoins de notre résistance russe aux déferlements de la horde communiste. Nous avons traversé ensemble avec vous le XXe siècle. De part en part un siècle de terreur, effroyable couronnement de ce progrès auquel on avait tant rêvé au XVIIIe siècle. Aujourd'hui, je le pense, les Français seront de plus en plus nombreux à mieux comprendre, à mieux estimer, à garder avec fierté dans leur mémoire la résistance et le sacrifice de la Vendée ».
Les deux jours !
5/5 Henri Servien dans Lectures Françaises.
.----. L'auteur reconstitue les deux jours de la tuerie, le 28 février et le 1er mars 1794, la marche des colonnes infernales avec, à l'appui, une carte très claire et complète des hameaux, et des listes précises des habitants massacrés, lieu-dit par lieu-dit. D'une présentation très soignée, ce solide travail à la méthode sans faille, est devenu le témoignage définitif sur cet épisode atroce ( numéro 45 , octobre 1994 ).
Méthode très sûre.
5/5 Henri Servien dans Lectures Françaises.
.----. Le professeur Marambaud procède ici avec une méthode très sûre. Il entend avec raison, analyser les conditions de transmission de la mémoire, avant de passer à l'étude démographique proprement dite. Il suit donc les traces du P. Huchet, mais va plus loin. M. Marambaud a en effet réussi à mettre la main sur des documents essentiels au recoupement général des familles par rapport aux lieux-dits. En fait, pour les Lucs, on bénéficie providentiellement de documents démographiques exceptionnels, qu'on ne possède pour aucune autre ville. L'auteur a donc utilisé la liste de boisselage de 1787, établie par Barbedette, deux recensements pour 1796, l'un par le prêtre réfractaire, l'autre par l'agent municipal républicain, un troisième pour l'an 1806 effectué par un autre agent municipal. En confrontant toutes ces données, le professeur Marambaud a pu établir les listes des différentes familles habitant les hameaux et lieux-dits de la commune pendant cette période. Il a aussi bénéficié, pour confronter dates et massacres, de la liste Gillier, autre curé clandestin de la paroisse voisine de Legé. Il constate que de 1787 à 1796, les Lucs ont perdu entre 500 et 590 personnes. Or Barbedette fait état, dans son martyrologe, de 564 paroissiens massacrés. Il n'a donc pas inventé le massacre. ( suite... ).
Importance de ce travail.
5/5 Henri Servien dans Lectures Françaises.
.----. Il nous faut à nouveau insister sur l'importance du travail du professeur Pierre Marambaud. Nos lecteurs savent peut-être que quelques polygraphes, dévoués fraternellement à la défense républicaine, ont commis des articles et brochures visant pratiquement à nier le génocide (ou populicide) vendéen. Ils s'en prirent en particulier au massacre des Lucs, qu'ils nièrent en partie, voire totalement, tout en réhabilitant Cordelier, Crouzat, Grignon, Duquesnoy et consorts. La liste des massacrés établie par le curé Barbedette fut contestée, l'honnêteté du clergé du XIXe siècle mise à mal.Il est vrai que la venue aux Lucs de Soljénitsyne en septembre 1993 avait rendu furieux les sus-nommés révisionnistes de la Vendée. Bien entendu et comme le reconnait lui-même le professeur Marambaud, " le doute investigateur est source de progrès " Le propre de l'historien est de vérifier, recouper les sources, les témoignages. Mais l'hyper-critique anéantit toute recherche. ( suite...).