Léon Bloy et la crise de la communauté

La crise du lien communautaire propre au XIXe siècle est perçue et vécue par Léon Bloy selon une dialectique, riche en ramifications théologico-symboliques, entre la communauté et l’individu.

Léon Bloy se dresse aussi bien contre les fondements de l’individualisme que contre les communautés de son temps, qu’il s’agisse de la nation, de l’Église ou de la République des Lettres. De ces communautés il est un membre paradoxal, dans un rapport d’inclusion-exclusion. À ses yeux, le fondement communautaire ultime ne peut s’enraciner nulle part ailleurs que dans la communion des saints. C’est la manière qu’il a de répondre à l’inquiétude qui s’empare des sociologues du XIXe siècle et de certains penseurs de la Révolution : de Tocqueville à Maistre, de Tönnies à Durkheim, tous se demandent quelle communauté peut continuer à exister face à l’individualisme triomphant. La critique que mène Bloy ne fait pas de celui-ci un réactionnaire nostalgique, un contre-révolutionnaire banal ; au contraire, cette opposition pleine de vitalité et d’un imaginaire communautaire profus en fait un grand contemporain.