N° 817 - De François à Léon XIV, sur le chemin de Vatican II

ÉDITORIAL :

Habemus papam !

Ces deux mots, vous les avez entendu et lu jusqu’à satiété pendant une quinzaine de jours. Ça tourne en boucle, comme toujours lorsque les media tiennent une nouvelle fraîche, ils nous la servent jusqu’à l’écœurement. L’accompagnement n’est d’ailleurs pas guère plus gourmet que le reste : n’ayant rien à dire, ils glosent, pérorent, spéculent et c’est une farandole d’inepties plus grosses les unes que les autres, de charabia ridicule, de phrases insipides toute faites ; le peu que l’on sait du nouveau pape est une ritournelle sans fin. Un éditeur a même annoncé, dès le 9 mai, soit le lendemain de l’élection (!), la première biographie de Léon XIV à paraître mi-mai ! Si tous les catholiques étaient aussi prompts à se mettre à genoux pour supplier que le nouveau pontife ne passe pas à côté de l’effusion de grâces que l’Esprit Saint lui a promis, sans doute la crise reculerait ostensiblement.

Quelques exemples parmi d’autres nous ont particulièrement régalé :

Léon XIV poursuivra l’œuvre de François, mais de manière différente. Là, on a bien avancé ! C’est clair, c’est précis, étayé : remarquable travail fouillé de journaliste d’investigation et d’expert en actualité religieuse ! Comme le soulignait si bien Audiard : « C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa… » Dans le même style littéraire, nous avons eu droit encore à : Léon XIV s’inscrit dans la continuité de François mais va aussi donner sa marque. Ou bien Son homélie le place dans la double continuité de François et de Benoît XVI. La double continuité, tout un programme. Vous allez voir que le même journaliste, dans quelques mois, pourra écrire qu’il nous l’avait bien dit mais que, toutefois, sur cette voie de la double continuité, Léon XIV semble amorcer une légère accélération dans celle de son prédécesseur favori (Benoît XVI ou François, ce sera selon…). On les connait par cœur ! Une petite dernière, nous n’y résistons pas : il va marcher dans ses traces, mais avec sans doute des inflexions.

Le grand drame de notre société c’est que ces gens-là, ces « spécialistes », ces « experts », ces « envoyés spéciaux » tout terrain ont un public. Ce public c’est nous ! Nous voulons être informés, mal informés, oui peut-être mais peu importe, nous voulons être informés ! Victimes consentantes, nous en redemandons, symptôme du syndrome bien connu de Stockholm… Cette course éperdue, cette addiction à l’information, à l’actualité, à la nouveauté est un véritable gavage de neurones, devenues tellement grasses qu’elles ne peuvent plus s’activer pour réfléchir, analyser, comprendre ou même méditer !

Si nous avions un conseil à donner, ce serait celui que Lectures Françaises ne cesse de crier depuis 68 ans : laissons-là toutes ces foutaises, fuyons la grande presse aux ordres ! Coupons notre internet, défoulons-nous sur l’écran de nos télévisions ! Ou qu’alors il ne nous serve que de détente – ce devrait être son unique but – et qu’il nous permette de revoir les films dont les dialogues sont signés Michel Audiard par exemple, nous sommes persuadés que l’électro-encéphalogramme révèlera plus d’activité que devant les media conventionnés.

Mickaël SAVIGNY