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N°130 - Hiver 2024

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Référence interne : 132919
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Date de parution : 30 déc. 2024
Auteur : SEL DE LA TERRE (Le)
Éditeur : SEL DE LA TERRE (REVUE)
Nb de pages : 176

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Description

Sommaire


ÉDITORIAL
L’homme extérieur et l’homme intérieur


Tout le monde, aujourd’hui, convient que les choses vont mal et que la société moderne traverse une crise sans précédent.

Mais quand il s’agit d’expliquer ce qui va mal et d’en analyser les causes, quand on en vient surtout à chercher des remèdes, on se heurte à des opinions divergentes et souvent contradictoires.


La raison de cette impuissance du monde moderne à discerner et à guérir son mal vient de ce qu’il s’attache uniquement à ce que saint Paul – et après lui saint Thomas – nomme l’homme extérieur, au détriment de l’homme intérieur. Il est en effet naturel, en un certain sens, que l’homme s’aime soi-même, qu’il aime ce qu’il regarde comme son être propre, ce qu’il estime être, en lui, dans sa nature, le plus important, l’élément principal. Or, sur ce point, tous ne sont pas d’accord.

Car, ce qui est principal, dans l’homme, ce qui le définit, c’est sa nature rationnelle, son âme créée par Dieu et pour Dieu, prédestinée à la vie surnaturelle et à la vision béatifique, et ce qui est secondaire, c’est sa nature sensible, corporelle, que saint Paul qualifie « d’homme extérieur », par opposition à « l’homme intérieur » (2 Co 4, 16). L’homme, en effet, est divisé contre lui-même. En lui, l’homme extérieur, c’est-à-dire l’homme blessé par le péché originel, dont les aspirations vont aux réalités sensibles et délectables, est en lutte avec l’homme intérieur dont les aspirations vont aux réalités spirituelles et divines et qui, moyennant la foi, tend à la fin surnaturelle que Dieu lui a assignée. Ces deux « hommes » se disputent la place dans l’unique champ du « moi » et cherchent à s’évincer l’un l’autre.

« Ainsi, écrit saint Thomas, les hommes bons savent-ils qu’en eux le plus important est la nature rationnelle, c’est-à-dire l’homme intérieur ; et c’est ainsi qu’ils s’estiment pour ce qu’ils sont véritablement. Mais les hommes dévoyés croient qu’en eux le plus important est la nature sensible, ou homme extérieur ; c’est pourquoi, ils ne se connaissent ni ne s’aiment véritablement : ils s’aiment selon ce qu’ils prennent pour eux-mêmes, c’est-à-dire selon ce qu’ils ne sont pas [1]. »


Cette réflexion de saint Thomas est lumineuse. Elle fournit le principe qui explique non seulement la déchéance personnelle des hommes pécheurs, mais aussi le drame des civilisations apostates : au fond, c’est la condamnation de l’erreur du naturalisme, qui, sous prétexte d’exalter la nature, la sépare d’avec Dieu, son principe et sa fin, pour finalement la détruire complètement et ravaler l’homme au rang de l’animal.

Cette fine analyse permet de comprendre la crise de la civilisation moderne, cette « civilisation » qu’on appelle des « droits de l’homme ». Or l’homme des droits de l’homme, l’homme qu’aime le monde moderne, c’est précisément l’homme extérieur, l’homme dénaturé, privé de sa finalité surnaturelle, qui ne cherche que les biens extérieurs et les jouissances sensibles ; et le culte de l’homme tant célébré aujourd’hui, c’est le culte de l’homme extérieur que le monde moderne se donne en idéal et qu’il aime « jusqu’au mépris de Dieu », comme dit saint Augustin, édifiant ainsi la cité de Babylone. Mais cet homme n’est qu’une contrefaçon de la créature rationnelle que Dieu a faite à son image, que Jésus-Christ a rachetée et qui est destinée à la vie surnaturelle.

C’est ce qui faisait dire au penseur brésilien Gustave Corção [2] que la civilisation moderne est non seulement une civilisation anthropocentrique, centrée sur l’homme, mais une « civilisation anthropo-excentrique », adoratrice de l’homme extérieur, de l’homme décentré, dissocié de son âme et de sa nature véritable. Derrière le jeu de mot, il y a une vérité profonde, dont le principe se trouve déjà chez saint Paul, saint Augustin et saint Thomas.

Au fond, la vaine tentative naturaliste issue du faux humanisme de la Renaissance, qui consiste à vouloir rendre l’homme autonome, à le mettre au centre de tout, à la place de Dieu, repose sur une fausse conception de la nature humaine, sur l’idée mensongère que l’homme pécheur se fait de lui-même, et sur laquelle la civilisation moderne s’est entièrement construite.


Nous percevons dès lors pourquoi il existe une ligne de partage qui sépare le monde en deux camps ennemis. Il y a, d’un côté, ceux qui exaltent l’homme extérieur, et l’on voit aujourd’hui jusqu’où cela mène, avec le transhumanisme, le « wokisme » et « la théorie du genre ». Et, de l’autre, ceux qui s’efforcent de vivre selon l’homme intérieur, qui savent qu’il n’y a pas de refuge pour la nature ni de salut en dehors de Jésus-Christ et qui, sans aucunement mépriser l’ordre naturel, s’attachent aux biens surnaturels qui conduisent à Dieu. Les premiers veulent construire un monde nouveau dans lequel Dieu est absent ; les seconds travaillent à l’avènement du règne de Dieu et de Notre-Seigneur, en eux et dans le monde. C’est le combat des deux cités nées de deux amours opposés.

Titre N°130 - Hiver 2024
Auteur SEL DE LA TERRE (Le)
Éditeur SEL DE LA TERRE (REVUE)
Date de parution 30 déc. 2024
Nb de pages 176
Présentation Inconnu
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