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Mémoricide : êtes-vous victime de désinformation historique ?

Mémoricide : êtes-vous victime de désinformation historique ?

Pour quelle raison Notre-Seigneur a-t-il fait, du mariage des chrétiens, un sacrement ?

Réponse sous forme d’entretien de l’auteur du livre Catéchèse catholique du mariage, le R.P Noël Barbara.

C’est la question que beaucoup se posent, à notre époque surtout, en constatant combien sont nombreux les couples qui n’éprouvent plus le besoin de faire bénir leur union. Pour nos lecteurs, nous sommes allés interroger l’auteur de la “Catéchèse catholique du mariage”, le R.P. Noël Barbara

  • Mon Révérend Père, pourriez-vous, pour les lecteurs des “Cahiers de Chiré”, nous dire pour quelle raison il y a un sacrement de mariage ?

Tout simplement parce que Jésus, notre Maître, l’a décidé ainsi en élevant cette institution à la dignité de sacrement.

Cette réponse, je l’imagine aisément, ne peut satisfaire votre légitime curiosité.

Pour comprendre la raison profonde de cette institution, il faut nous rappeler ce que sont les sacrements. Ce sont de vrais mystères. Je veux dire des réalités de l’ordre surnaturel. Des choses qui existent réellement, mais dont la connaissance dépasse absolument notre intelligence. C’est uniquement parce que Dieu a bien voulu nous les révéler que nous les connaissons, et seulement dans la lumière de la foi théologale.

Les sacrements de la Loi nouvelle appartiennent à l’ordre de l’Incarnation. Je dirai d’eux, qu’ils sont, comme ce grand mystère, une initiative divine pour rendre sensibles les réalités surnaturelles et les mettre ainsi plus à notre portée. L’Apôtre saint Jean ne parle-t-il pas du “Verbe de vie, ,que nous avons entendu, que nous avons vu de nos yeux, que nous avons contemplé et que nos mains ont palpé” ? (I Jn, I, 1). Nos sacrements sont des réalités sensibles, qui signifient chacun une grâce particulière et qui la produisent très réellement.

L’Église en est la gardienne et la dispensatrice. Elle nous apprend que la grâce propre à chacun d’eux correspond à une exigence particulière de Dieu sur nous, dans un moment précis de notre vie.

Elle nous apprend aussi que c’est pour faciliter l'accomplissement de cette exigence, que le Christ a institué les septs sacrements.

Puisque le sacrement du mariage n’est autre que l’union conjugale de deux chrétiens, pour découvrir la raison qui a poussé le Maître à en faire un sacrement, il suffit de nous rappeler quelle grâce est signifiée par l’union de ces époux.

Dans son épître aux Ephésiens (V, 31-32), après avoir dit, avec le Livre sacré (Gnèse II, 24) : “l’homme quitte son père et sa mère, et il s’attache à sa femme, et les deux deviennent une seule chair”, saint Paul ajoute : “Sacramentum hoc magnum est ; C’est là un grand mystère ; je l’entends du Christ et de l’Eglise”. 

L’Église a vu, dans ce texte, la grâce spécifique du sacrement de mariage, celle qui correspond à l’exigence du Seigneur sur les chrétiens qui s’engagent dans cet état.

De par la volonté de Dieu, pour contracter le mariage, “l’homme quitte son père et sa mère”. Dans quel but ? “Pour s’attacher à sa femme et devenir avec elle une seule chair”.

A la femme aussi est imposé le même détachement pour être toute à son mari : “Ecoute ma fille, regarde et tends l’oreille, Oublie ton peuple et la maison de ton père” (Ps XLV, 11).

Devenir une seule chair” ne doit pas s’entendre exclusivement de l’acte procréateur. Lorsque l’Apôtre rappelle le texte de la Genèse – “l’homme quitte son père et sa mère, et il s’attache à sa femme, et les deucx deviennent une seule chair” – et nous assure qu’“il y a là un grand mystère”, il ajoute aussitôt : “je l’entends du Christ et de l’Église”. C’est donc là qu’est le grand mystère ; c’est là qu’est indiquée la grâce spécifique du sacrement de mariage. C’est une grâce d’union.

Désormais, par la volonté-même  de Notre Seigneur, le mariage des chrétiens est le signe d’une double union mystérieuse : celle que le Fils de Dieu a contractée avec la nature humaine, dans le sein virginal de Marie, par le mystère de son Incarnation, et celle que le Verbe incarné réalise avec l’Église qui est son corps. Il n’est pas d’union plus profonde, plus intime que celles-là.

Puisque tout sacrement produit la grâce qu’il signifie, voilà donc, indiquée par saint Paul, la grâce spécifique que reçoivent les époux chrétiens en contractant le mariage. C’est une grâce, un secours divin, qui augmente en eux la vie divine et leur donne de réaliser l’union de Dieu veut pour eux dans leur nouvel état. Une union conjugale, si je puis dire, renforcée et surélevée, basée sur l’amour de charité, et si bien calquée sur l’“union du Christ et de l’Église”, qu’elle devient à son tour, pour les non-chrétiens, le “signe”, le “sacrement”, le “mystère” de l’union du Christ avec les âmes rachetées. Oui ! En vérité, ce mystère, ce sacrement est grand, “Je l’entends du Christ et de l’Église”.

Comme on comprend mieux dans cette optique, les conseils de l’Apôtre aux époux chrétiens : “Que les femmes spoient soumises à leur maris, comme au Seigneur, car le mari est le chef de la femme, tout comme le Christ est le chef de l’Église.

Maris, aimez vos femmes, tout comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré pour elle afin de la sanctifier en la purifiant par le bain de l’eau qu’une parole accompagne, afin de la présenter à lui-même, (cette Église) glorieuse, sans souillure ni ride ni rien de tel, mais sainte et sans reproche. Ainsi les maris doivent aimer leurs femmes comme leur propre corps” (22-28).

Le mariage est une institution divine, quand Jésus l’eût rétabli dans son indissolubilité première : “Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare donc pas” (Mc X, 9). Les Apôtres, qui n’avaient pas encore reçu le Saint-Esprit mais qui connaissaient la versatile du coeur humain, eurent une réaction bien naturelle : “Si telle est la condition de l’homme avec sa femme, mieux vaut pas se marier” (Mt. XIX, 10).

Aux yeux du monde, la multiplicité des unions libres et des divorces semble confirmer cette réaction. Mais à la lumière de la foi, cette situation lamentable nous permet de mieux comprendre la raison pour laquelle le Christ a fait du mariage des chrétiens un sacrement.

En célébrant la sainte Messe, le prêtre bénit les quelques gouttes d’eau qu’il met dans le calice en disant : “O Dieu, vous qui avez créé d’une manière admirable la nature humaine, vous l’avez rétablie d’une manière encore plus admirable”.

Jésus ne pouvait pas ne pas savoir combien, en perfectionnant la Loi et les Prophètes (lisez Matthieu V, 17), il allait exiger d'héroïsme de ses disciples. N’oublions pas l’ordre qu’il leur a donné et remarquons l’impératif : “Soyez parfaits, vous, comme votre Père céleste est parfait” (Mt. V, 48). Alors pour prévenir tout découragement il leur dit : “Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu” (Lc. XVIII, 27).

Et de fait, ayant rétabli dans son indissolubilité première le mariage des hommes, dans le but d’aider les siens à garder cette indissolubilité, désormais requise de toute l’humanité, vous, à présent, comment cette restauration est encore plus admirable que l’institution première du mariage dans l’Eden ? Désormais, c’est l’union même des époux, qui est le plus grand mystère producteur de secours, de grâces surnaturelles, dont une, toute spéciale, la grâce sacramentelle, renforce et surélève leur union et les aidera, leur vie durant, à en vivre toute les exigences.

  • Le mariage a-t-il toujours été une institution religieuse ?

Parfaitement. Je parle, bien évidemment, pour les gens normaux, qui croient en Dieu.

  • Classeriez-vous les “Sans Dieu” parmi les anormaux ?

Ce n’est pas moi qui les mets dans cette catégorie, ce sont eux qui s’y mettent et c’est le Saint-Esprit qui le fait remarquer. Vous l’avez certainement lu comme moi dans la Bible : “L’insensé dit dans son cœur, il n’y a pas de Dieu”.

Oui, dans toutes les civilisations, de tout temps, les hommes ont compris que le mariage était religieux et que dans son acte spécifique, les époux étaient les collaborateurs de Dieu. C’est du reste pour cette raison qu’on appelle cette fonction “procréatrice” ; elle associe les époux à l'œuvre du Créateur. En effet, les parents ne posent que la matière qui formera le corps de l'enfant, mais c’est Dieu qui intervient lui-même, pour créer l’âme humaine, qui fait de cette matière un petit d’homme. Il est évident qu’une âme spirituelle, intelligente et libre, ne peut provenir que de Dieu. 

C’est aussi ce qui fait la grande dignité des parents et le respect quasi religieux dont ils ont toujours été entourés partout. Par leur mariage, ils ont été les ministres de la Toute-Puissance pour transmettre la vie. Aux yeux de leurs enfants, ils conservent toujours un reflet de cette Majesté.

  • Mon Père, encore une question. Qui vous a donné l’idée d’écrire votre “Catéchèse catholique du mariage” ?

C’est tout simplement la constatation d’un fait qui m’a toujours étonné. En faisant mes études, au Séminaire de Constantine, j’avais découvert le bienfait des sacrements et la grandeur du mariage. J’ai été frappé alors par ceci : les prêtres catholiques ne se marient pas ; ils étudient pourtant la doctrine de ce sacrement. A l’inverse, les laïcs catholiques se marient mais, eux, ne l’étudient pas. Que les prêtres l’étudient, rien de plus normal puisqu’ils auront à l’enseigner. Mais que des laïcs chrétiens s’engagent dans cet état en ignorant tout ou à peu près tout de ce sacrement, voilà ce qui ne l’est pas.

[...] 

Après le sacerdoce et la consécration religieuse, qui mettent le prêtre et l’âme consacrée dans un ordre à part, rien n’est plus grand qu’un foyer chrétien et rien n’est plus enthousiasmant que d’aider ceux qui s'engagent dans cette voie à en fonder un. Un vrai foyer chrétien doit être une pépinière de saints.

[...]

  • Vous parlez d’une seconde édition. Serait-il indiscret de vous demander si vous en avez écoulé beaucoup d’exemplaires ?

Il n’y a là aucune indiscrétion. Les trois premières éditions sont épuisées. Avec la quatrième, qui vient de sortir, la “Catéchèse catholique du mariage” atteint le seizième mille. (1993-1994)

Vous pouvez retrouvez l’entièreté de l’entretien Numéro 9 des Cahiers de Chiré, Bons et mauvais livres.