Le 20 février 1934, le cadavre d'Albert Prince est retrouvé déchiqueté sur la voie ferrée près de Dijon. Ce conseiller à la cour d'appel de Paris avait été chargé d'enquêter, quelques années plus tôt, sur les agissements du célèbre escroc Stavisky. Assassinat ou suicide ?
Parallèlement à l'enquête, menée de façon discutable, la presse et l'opinion s'emparèrent de l'affaire, qui tint bientôt en haleine la France entière et menaça d'ébranler la République. En effet, furent jetés dans la mêlée les noms de hautes personnalités, comme Camille Chautemps, ancien président du Conseil et franc-maçon notoire, ou encore le garde des Sceaux Henry Chéron.
L'inspecteur Bonny, plus tard sinistrement célèbre, est aussi de la partie, tout comme Georges Simenon, alors journaliste et dont les prétendues révélations ne firent qu'ajouter au scandale. Avait-on voulu empêcher Prince de divulguer les protections dont aurait bénéficié Stavisky ? Ou s'agissait-il d'un drame intime ?
En dépit de trois années d'instruction et de plusieurs centaines d'auditions, l'énigme ne fut jamais résolue. Pierre Cornut-Gentille, qui a accédé au dossier de l'instruction, aux archives du ministère de la Justice et aussi aux papiers personnels du juge d'instruction, livre le premier récit complet de cette célèbre affaire, qui met en évidence, déjà, le crédit parfois excessif accordé aux experts, et surtout les rapports complexes entre les policiers, les magistrats, le monde politique et les médias.
Pierre Connut-Gentille, avocat, a eu à connaître d'importants dossiers politico-financiers, Historien, il a publié aux éditions Perrin L'Honneur perdu de Marie de Morell (1996), La Baronne de Feuchères (2000) et une biographie de Madame Roland (2004).