LE CARDINAL PIE, UN DÉFENSEUR DES DROITS DE DIEU. Les 200 ans de la naissance du Cardinal Pie ont suggéré à Gérard Bedel de livrer au lecteur un précieux petit livre sur celui que St Pie X qualifia de "second Hilaire". L'abondante bibliographie évoquée en
fin de livre témoigne de la place qu'occupe le personnage au 19ème, l'importance de son rôle dans la défense du catholicisme et de la France. Les dix volumes qui rassemblent sa correspondance, ses
prédications, ses discours et ses interventions auprès de la société témoignent de l'omniprésence du prélat sur tous les fronts dès qu'il s'agissait de défendre la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus Christ.
Nommé évêque de Poitiers à 35 ans, c'est en chef de diocèse qu'il se fait défenseur des droits de Dieu : « Je suis évêque, donc je parlerai, j'élèverai la voix je tiendrai haut et ferme... l'étendard de mon Dieu »
(p.32).
En 1861, il eut affaire avec le Conseil d'État pour avoir remis en cause la politique de Napoléon III vis à vis du Saint-Siège. Lors du concile Vatican I, il mobilisa toutes ses capacités pour soutenir la thèse et contribuer à la définition de l'infaillibilité pontificale. Pasteur de son diocèse, le souci des âmes le conduisit à ériger quelques cent vingt paroisses et à fonder la Congrégation diocésaine des Oblats de St Hilaire pour la prédication et le ministère paroissial. Mais ce qui retient surtout l'attention c'est son engagement pour les droits de Dieu sur la société civile. Rien ne peut demeurer étranger à Jésus-Christ, roi universel ; en appelant à St Grégoire le Grand, le cardinal rappelle que ne pas reconnaître et proclamer Sa royauté sociale est une hérésie, car « dire que Jésus-Christ... n'est pas le Dieu des peuples et des sociétés, c'est dire qu'Il n'est pas Dieu».
L'Église ne peut ainsi rester étrangère à l'organisation de la société, car elle a le devoir de juger de la moralité des actes des personnes comme des communautés dont ces dernières vivent, sans pour autant «se substituer aux puissances de la terre, qu'elle même regarde comme ordonnées à Dieu et nécessaires au monde ». Il combattit donc l'athéisme de la loi, d'où ne peut alors découler que le vice.
C'est bien une pensée politique que livre le Cardinal Pie, pour qui défendre les droits de Dieu est oeuvre de charité, car l'apostasie générale exige de déclarer fermement et à voix haute notre foi. Aux tenants
de notre démocratie républicaine, il rétorquait (actualité !) : « On parle d'un grand parti de l'ordre. Un seul parti pourra sauver le monde, le parti de Dieu. Il n'y a de salut que là ».
Mgr Pie relevait avec insistance l'origine de ce désordre : le naturalisme philosophique, dont nous pouvons apprécier les conséquences politiques funestes lorsqu'il est appliqué à la vie sociale.
« Si l'on cherche le premier et le dernier mot de l'erreur contemporaine, on reconnaît avec évidence que ce qu'on nomme esprit moderne, c'est la revendication du droit acquis ou inné de vivre dans la pure sphère de l'ordre naturel... Les corps savants, l'histoire, la politique, la littérature, le théâtre, la chanson, le roman, les journaux, les revues, que sais-je ? Tout est entré dans cette immense conspiration contre l'ordre surnaturel».
L'oeuvre du cardinal Pie est d'une actualité saisissante. Puisse ce petit livre donner envie aux lecteurs de mieux connaître cette pensée qui est celle d'un chef, d'un pasteur, donc d'un homme d'action, mais
aussi celle d'un homme de réflexion et de doctrine. Tout cela dans une belle langue simple, claire et compréhensible au commun des mortels.
YLC
Action Familiale et Scolaire n 244 avril 2016 p 50 - 14/04/2016
LE CARDINAL PIE Un défenseur des droits de Dieu, par GÉRARD BEDEL C’'est une belle synthèse de la vie et de la doctrine du cardinal Pie que nous offre Gérard Bedel, aux éditions Clovis. Grande figure ecclésiastique de l'Église du XIXe siècle, celui qui fut vicaire de la cathédrale de Chartres, évêque de Poitiers et enfin cardinal nommé par Léon XIII, se révéla un homme de doctrine et de charité dont l'origine modeste, la fermeté dans les principes, la prudence, la magnanimité mais aussi la dévotion mariale profonde ne sont pas sans préfigurer le pape saint Pie X.
On sait que celui-ci lisait les oeuvres du cardinal et qu'il emprunta la devise de son pontificat à l'une des idées maîtresses du prélat français, grand défenseur de la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ, la fameuse formule de saint Paul, Omnia instaurare in Christo, « Tout restaurer dans le Christ ».
Mgr Pie fut un évêque d'une rare lucidité, d'un courage admirable notamment face aux puissances publiques et il se montra un allié efficace dans les combats que mena le pape Pie IX contre les poisons doctrinaux répandus depuis la Révolution française — naturalisme, rationalisme, laïcisme, etc. — que les pouvoirs politiques favorisaient, et dans la spoliation des États pontificaux opérée par les puissances maçonniques européennes liguées contre la papauté.
Pour simplifier, de la Seconde République jusqu'aux débuts de la Troisième, encore plus anticléricale et sectaire, qui coïncident avec ceux du pontificat de Léon XIII, ce sont, pour l'évêque de Poitiers, trente années de luttes, d'action sociale, de visites de son diocèse et de participation aux grands événements de la vie de l'Église, dont le Syllabus de Pie IX, la préparation et la participation au concile du Vatican.
La biographie du cardinal Pie par Gérard Bedel souligne et cite avec pertinence les idées maîtresses d'un défenseur de la doctrine catholique, à une époque où il était politiquement plus confortable d'être un adepte du libéralisme. Louvrage donne aussi pour notre XXIe siècle de puissants rapprochements, qui résonnent comme autant de principes doctrinaux immuables à conserver pour l'action religieuse contemporaine de ceux qui cherchent à vivre de l'héritage de la Tradition catholique authentique.
Abbé Philippe Bourrat
FIDELITER, mai-juin 2016, n°231, p.76 - 12/08/2016