Après la défaite de juin 1940, Robert Brasillach est fait prisonnier lors de l'encerclement de la IIIe armée. D'abord à Neuf-Brisach, puis dans les camps allemands de Warburg et Soest, il entreprend la rédaction d'un roman, qu'il intitule Les Captifs. Libéré le 31 mars 1941, il reprend son manuscrit durant l'été de cette même année, mais l'abandonne définitivement.
C'est donc un roman inachevé que nous lisons aujourd'hui sous le titre Les Captifs : trois cents pages manuscrites, la moitié de ce que Robert Brasillach avait prévu d'écrire.
En 1940, à cause de son âge (il a trente et un ans), et parce que la défaite et l'emprisonnement sont deux violentes ruptures avec le passé immédiat, l'écrivain fait de son roman une oeuvre de récapitulation : à travers des personnages nombreux, bien individualisés, vivants, il rassemble ce qu'il a espéré, détesté, admiré, aimé surtout, pendant sa jeunesse, désormais révolue.
Les Captifs révèlent aussi une ambition nouvelle : construire un ensemble romanesque dont le lecteur, pareil à celui de La Comédie humaine, retrouverait, d'un livre à l'autre, des créatures familières, immergées dans l'histoire contemporaine.
Tous ces personnages sont soumis, chacun à sa manière, à la loi du temps et du vieillissement, qui a hanté Robert Brasillach.
Récapitulation, témoignage d'une ambition nouvelle, approfondissement d'une méditation sur le temps, Les Captifs, quoique inachevés, sont une oeuvre foisonnante, qui atteste "le don de vie", indispensable au vrai romancier.
" Ce livre doit être pris comme souvenir d'un grand homme dont "Les Captifs" n'est pas le chef d'œuvre . Il y a une raison à cela . C'est un "manuscrit inachevé". Il faut, à ce sujet, lire l'avertissement qui sert de préface ."
Inédit et inachevé .----. [ Notice rédigée à partir de l'édition de 1974 chez Plon ]
Voici dans une belle édition, un roman inédit de Robert Brasillach : celui qu'il a écrit en prison . Cela le rend plus touchant encore, par tous les souvenirs attachés à la mort de l'auteur . Nous sommes aussi touchés par l'époque où Brasillach place son action : l'immédiat avant-guerre . Son héros, Gilbert Caillé, s'enflamme peu à peu pour le fascisme, contre la malhonnêteté des socialistes. Il en prend vraiment conscience dans la nuit du 6 février 1934 . L'auteur nous brosse alors un tableau extraordinairement vivant, de cette soirée dramatique .
Malgré de beaux passages où l'on sent l'expérience vécue de l'auteur, ce livre décevra sans doute les amis de Brasillach . Ses personnages manquent un peu d'épaisseur . Ils sont dépeints sans grande envergure et sans aucune valeur morale . Agnès notamment, change d'amour comme de chemise... S'ils sont captifs c'est davantage d'eux-mêmes et de leur pesanteur que des événemnts troublés qu'ils subissent... Les idées radicales de l'auteur ne les libèreront pas !.
Malgré une langue qui reste belle, l'ensemble recèle moins de poésie et de tendresse que les autres ouvrages du poète . Reste que le style de ce livre est celui d'un grand écrivain . En annexe, nous trouvons divers travaux, plans, découpages, études du roman, retrouvés parmi les papiers du prisonnier .
Ce livre doit être pris comme souvenir d'un grand homme dont "Les Captifs" n'est pas le chef d'œuvre . Il y a une raison à cela . C'est un "manuscrit inachevé". Il faut, à ce sujet, lire l'avertissement qui sert de préface . [ Classé comme " livre avec plus qu'une réserve " par le rédacteur de " Plaisir de Lire " , numéro 31 , grandes vacances 1975 ]
Plaisir de Lire . - 31/12/2019
- ISBN : 9782867145407
- Titre : Les captifs - Roman
- Auteur : BRASILLACH (Robert)
- Editeur : PARDES (EDITIONS)
- Nb Pages : 262
- Présentation : Broché
- Epaisseur : 15
- Largeur : 150
- Hauteur : 210
- Poids : 0.40Kg
Robert BRASILLACH (1909 - 1945)
Écrivain , journaliste, né à Perpignan le 31 mars 1909. Issu d'une famille du Roussillon, son père, officier de l'armée coloniale, fut tué dans les combats de Kenifra, au Maroc, en 1914. Sa mère, remariée quatre ans plus tard, alla s'établir à Sens : c'est là que Robert Brasillach fit ses études secondaires. Puis il fut, au lycée Condorcet à Paris, l'élève d'André Bellessort, et à l'Ecole Normale Supérieure, le condisciple de Jacques Talagran (qui ne s'appelait pas encore Thierry-Maulnier), de Paul Guth et de Maurice Bardèche, son futur beau-frère. Il collabora très tôt à L'Action Française questions. Malgré les pétitions de ses confrères, dont beaucoup étaient ses adversaires politiques, le général De Gaulle rejetait le recours en grâce présent é par Jacques Isorni, et, le 6 février 1945 - date anniversaire de la fusillade de la place de la Concorde - à 9 h 38. le jeune écrivain tombait sous les balles d'un peloton de gardes mobiles au fort de Montrouge. Peu avant son exécution. il montrait dans ce poème son coeur déchir é par la folie ou la méchanceté des hommes :
Mon pays m'a fait mal par tous ses exilés,
Par ses cachots trop pleins, par ses enfants perdus,
Ses prisonniers parqués entre les barbelés,
Et tous ceux qui sont loin et qu'on ne connaît plus.
Mon pays m'a fait mal par ses villes en flammes,
Mal sous ses ennemis et mal sous ses alliés,
Mon pays m'a fait mal dans son corps et son âme,
Sous les carcans de fer dont il était lié.
Mon pays m'a fait mal par toute sa jeunesse
Sous des draps étrangers jetée aux quatre vents,
Perdant son jeune sang pour tenir les promesses
Dont ceux qui les faisaient restaient insouciants,
Mon pays m'a fait mal par ses fosses creusées
Par ses fusils levés à l'épaule des frères,
Et par ceux qui comptaient dans leurs mains méprisées
Le prix des reniements au plus juste salaire.
Mon pays m'a fait mal par ses fables d'esclave,
Par ses bourreaux d'hier et par ceux d'aujourd'hui,
Mon pays m'a fait mal par le sang qui le lave,
Mon pays me fait mal. Quand sera-t-il guéri ?
Robert Brasillach a laissé une oeuvre abondante et variée, dont la réédition constante depuis sa mort dit à quel point elle est goûtée du public de tous bords. Outre des essais sur Virgile , Corneille, une "Histoire du Cinéma" et une "Histoire de la guerre d'Espagne", ont été édités, entre autres : "Notre Avant-guerre", "Poèmes de Fresnes", "Lettre à un soldat de la classe 60 ", "Chénier", "La Conquérante", "Les Sept Couleurs", "Les quatre jeudis", "Domrémy", "Journal d'un homme occupé", "Six heures à perdre", "La Reine de Césarée".
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